Le 16e palmarès Great Place to Work des entreprises où il fait bon travailler vient d’être publié ce mercredi. Patrick Dumoulin, DG de Great Place to Work France, décrit pour Challenges, les secrets de ces sociétés ayant mis la qualité de vie au travail au coeur de leur stratégie, dont voici le classement de l’édition 2018 dans son intégralité.

Conseil, distribution, édition de logiciels, assurances, sites internet… Tous les secteurs sont encore représentés cette année au palmarès Great Place To Work, publié ce mercredi 28 mars, qui a distingué au total 79 entreprises. De la PME de 50 salariés au grand groupe de plusieurs milliers de collaborateurs, ce classement prouve à ceux qui en douteraient encore que la qualité de vie au travail n’est pas qu’une question de moyens, mais bien de volonté stratégique. Retour sur les surprises de l’édition 2018 avec Patrick Dumoulin, directeur général de Great Place to Work France.

Challenges : Sur quels critères sont jugées les entreprises figurant au palmarès?

Patrick Dumoulin, DG de Great Place to Work France : Deux tiers de l’évaluation reposent sur les résultats de notre sondage anonyme « Trust Index » composé de 64 questions transmises à l’ensemble des salariés des entreprises candidates. Typiquement, il s’agit de questions mesurant la confiance accordée au management, la fierté d’appartenance, la convivialité dans les équipes… Pour être labellisées Great Place to Work, les entreprises de moins de 500 salariés doivent obtenir au moins 70% de réponses positives, celles de plus de 500 salariés, au moins 66%.

En plus de ce premier critère, nous menons un « culture audit », qui représente le tiers de l’évaluation finale. Autrement dit, nous adressons un dossier à compléter détaillant les méthodes de recrutement, d’intégration ou encore de management des équipes. Au terme de cet audit, les entreprises doivent obtenir au minimum 30 points sur 60 pour espérer être éligibles. Le palmarès agrège ensuite les meilleures entreprises labellisées dans chaque catégorie: 50-500 salariés, 500-5.000 salariés, et plus de 5.000 salariés.

Combien coûte cette labellisation pour les entreprises?

Cela varie en fonction de la taille. Réaliser le sondage et le « culture audit » coûte au minimum 5.900 euros HT pour une entreprise. Je tiens à préciser au passage que ces évaluations sont intégralement gérées en interne par nos équipes.

Quels sont les grands enseignements de l’édition 2018?

Cette année, 244 entreprises ont postulé au processus de labellisation. Sur la ligne d’arrivée, seules 79 d’entre elles figurent au palmarès, soit 32% des candidates. Si certaines conservent leur rang, telles que Decathlon qui reste première de sa catégorie, on peut souligner l’entrée remarquée de plusieurs entreprises comme Salesforce, qui arrive dès sa première participation directement à la première place du classement de la catégorie 500-5.000. A noter sur ce point que cet éditeur de logiciel est déjà n°1 aux Etats-Unis et au palmarès monde.

On peut encore citer d’autres nouveaux venus très bien classés comme Doctolib, spécialisé dans la réservation en ligne de rendez-vous médical, qui arrive à la 17e place des 50-500, ou Legallais dans la quincaillerie professionnelle, qui ravit d’entrée de jeu la 16e place de la catégorie 500-5.000. D’autres entreprises ont aussi changé de catégorie tout en conservant une place tout à fait remarquable au classement, comme c’est le cas de l’entreprise Leboncoin, qui est passée en 2017 de la 34e place des 50-500 à la 7e place de la catégorie 500-5.000 cette année, illustrant ainsi une grande stabilité managériale.

L’une des autres tendances intéressantes à souligner est l’augmentation du nombre de lauréats dans les territoires, de Lyon à Marseille en passant par Bordeaux, Strasbourg ou Caen. Selon moi, cela traduit une prise de conscience globale extrêmement forte des dirigeants français sur ces questions de bien-être au travail.

Concrètement, quels types de pratiques RH remarquables adoptent les lauréats?

Quelle que soit leur taille, on retrouve dans toutes ces entreprises une forte culture de l’innovation, un management agile et collaboratif et une réelle proximité managériale. Par exemple, Octo Technology a mis en place des rendez-vous hebdomadaires entre le salarié et son manager afin de renforcer les échanges. Une autre entreprise, Accuracy, a créé son programme de formation intensive de deux semaines, suivi par tous les nouveaux salariés recrutés. Autre initiative intéressante, celle de Sophia Engineering qui a adopté la décision par consentement. Autrement dit, toutes les décisions stratégiques et opérationnelles sont soumises à l’approbation des salariés. Vous l’aurez compris, il n’y pas de nouvelle pratique révolutionnaire à proprement parler mais plutôt une variété d’actions mises en place.

Quels sont les impacts de ces politiques RH selon vous?

Déjà, on relève un plus fort engagement des salariés de ces entreprises. Chaque année nous réalisons, en parallèle du palmarès, une enquête auprès des Français sur leur bien-être au travail. Les résultats sont saisissants. 49% des quelque 3.000 personnes que nous avons interrogées entre février et mars affirment se rendre au travail avec plaisir. Dans les entreprises lauréates, 80% des salariés répondent de façon similaire. De même, 57% des Français sondés expriment une fierté d’appartenance vis-à-vis de leur employeur. Chez nos lauréats, ils sont 87%; soit des écarts d’environ 30 points en moyenne ! Par ailleurs, quand on regarde leurs résultats financiers, toutes ces entreprises enregistrent des croissances significatives. Preuve, selon nous, que ces méthodes permettent d’obtenir le meilleur potentiel de chacun, au service de la performance de la société.

C’est justement peut-être cette bonne santé financière qui participe à ce climat de satisfaction interne, non?

Elle y participe, bien sûr. Mais nous nous apercevons que quelles que soient la taille et l’ancienneté de ces entreprises, c’est avant tout la volonté des dirigeants de miser sur la qualité de vie au travail qui est saluée par les salariés. Dans nos enquêtes, la très forte confiance exprimée par les salariés vis-à-vis de leur management et de leurs collègues est d’ailleurs le critère numéro un que partage tous les lauréats du palmarès.

 

Source : https://www.challenges.fr/entreprise/vie-de-bureau/great-place-to-work-voici-le-classement-2018-des-entreprises-ou-il-fait-bon-travailler-en-france_575961